Oui et non : avez-vous peur de dire votre vérité ?

Chronique de vie : nos vies, nos histoires

Par Danielle Perrault

Vos oui sont-ils vraiment des oui ? Est-ce que vos non le sont également ? Un jour, je vois une petite fille de 7 ans, mignonne comme tout. C’est la petite dernière de la famille. Elle est éveillée, curieuse, enjouée, mais elle fait d’énormes crises qui augmentent en intensité. Elle peut devenir violente et mordre ses proches. C’est pourtant une enfant aimée et véritablement choyée. Alors que se passe-t-il ? Pourquoi ces crises ?

Sa grande sœur adolescente a un amoureux. Ils veulent passer du temps ensemble, seuls tous les deux. C’est la première fois que la petite est exclue de la vie d’un membre de la famille. La fillette idolâtre sa grande sœur qui le lui rend bien en étant d’une extrême gentillesse à son endroit. La petite ne veut pas être écartée. Elle entend sa sœur lui dire : oui, tantôt. Alors, elle attend bien sagement, le nez collé contre la porte de la chambre où les amoureux se sont réfugiés. Mais le temps commence à s’étirer et la petite s’impatiente. La porte ne s’ouvre toujours pas, bien qu’elle entende encore sa sœur lui redire d’attendre. L’enfant entend la contraction du oui avec celle du non, le « N’OUI », de sa sœur et elle s’insurge tout simplement. Sa grande sœur me confirme les faits. Je lui explique qu’elle a le droit d’être ferme et de dire NON à sa petite sœur. Comme ça, même si cette réponse ne lui convient pas, elle a le mérite d’être claire et de permettre à l’enfant de se sentir respectée. En effet, sa sœur, ne voulant pas lui faire de peine, lui en a finalement causée. On fait tous ça, c’est un comportement humain. On veut faire plaisir, on veut être aimé. Alors on dit à l’autre ce qu’il voudrait entendre et à force, on ne sait plus ce que l’on veut. On ne sait plus dire ni oui, ni non. La culpabilité s’installe à notre insu.

Pourquoi ne pas dire notre vérité ?

Parce que bien souvent on l’a perdue de vue. On ne la reconnaît plus. Nos oui, comme nos non, viennent du cœur et du ventre. Un vrai oui, nos bras s’ouvrent, notre corps se détend. Il se réjouit. Un vrai non, notre cœur se ferme et notre ventre se contracte. Les non créent des tensions dans notre corps quand on ne les dit pas. Les oui, quant à eux, nous détendent, ils nous font respirer. La plupart d’entre nous ont perdu le réflexe de leur corps qui connaît, bien avant la tête, la bonne réponse, celle qui est en nous. Nous devons réapprendre et se réapproprier ces réflexes pour libérer, d’une part, les tensions qui sont en nous et arrêter d’induire les gens en erreur sur nos véritables intentions.

Un faux oui constitue une sorte de piège. Avec les attentes qu’il crée, il installe une frustration quasi permanente et nous désespère. Un non serait plus approprié pour apprendre à faire face aux déceptions et attentes inutiles. Il nous permettrait de mettre en place un plan B qui répondrait mieux à nos besoins. En effet, si la ressource nous signifie qu’elle n’est pas disponible, nous pourrions développer notre autonomie en choisissant une activité ou un projet qui ne nécessite pas la présence de la personne qui nous dit d’attendre son OUI. Moins dépendants… donc plus autonomes ? Combien d’enfants n’ont pu faire cet apprentissage à cause des faux « oui » ? Ils insistent tant qu’ils finissent par accéder au faux « oui » de leurs interlocuteurs lassés de leur insistance. De ce fait, personne n’est satisfait.

Un truc ? Fixez-vous une heure chaque jour pour dire non. Vous constaterez que les conséquences ne sont pas si graves que celles que vous craignez. C’est le prix du respect.

Danielle Perrault est psychologue et autrice de plusieurs contes thérapeutiques, des livres « Guérir de son histoire » et « Une histoire, ça se guérit » et de 10 balados sur la santé mentale « À l’écoute de soi » accessibles sur le net.