Retomber sur ses pattes
Par Mario Dufresne
collaboration Sylvie Veilleux
S’il devait y avoir un animal-totem pour définir Julien Cazes, ce serait sûrement le chat. Car, comme le félin, il a toujours su retomber sur ses pattes, mais surtout il a eu plusieurs vies. Tour à tour « testeur » de pièces mécaniques, coureur, entrepreneur, ébéniste, menuisier, conseiller en économie d’énergie et j’en passe. PORTRAIT.
Natif de Saint-Onésime, près de La Pocatière, Julien Cazes voit le jour en 1948, sur une ferme. Tout jeune, il doit apprendre à travailler tout en fréquentant l’école. C’est là qu’il réalise l’importance d’être débrouillard. Mais c’est au début de la vingtaine que tout a vraiment commencé.
Il apprend que Moto Ski (l’une des nombreuses usines de motoneiges du temps), installée à La Pocatière, embauche. Coup de chance, il est remarqué. « Il manquait des gars pour préparer les moteurs ». Un peu avant Noël, il est mis à pied. Entretemps, il s’était acheté son Moto Ski, qu’il réparait lui-même dans l’usine. Un jour de janvier, un dirigeant l’aborde : « T’as l’air dur sur ta machine. J’aurais besoin de quelqu’un comme toi pour tester les pièces. Ça t’intéresse ? » Aussitôt dit, aussitôt fait !
Alors qu’il fonce à grande vitesse dans un champ derrière l’usine, un collègue remarque qu’il est le genre de « fou » dont l’entreprise a besoin pour les courses. Il devient coureur dans l’écurie Moto Ski. Il voyagera au Québec, en Ontario et aux États-Unis. Et, malgré son peu d’expérience, il devra affronter les pilotes de cette époque. Notamment un certain Québécois… Gilles Villeneuve, qui courait pour Ski Roule.
En 1969, au Championnat provincial de cross-country à Chibougamau, il réussit un doublé avec un chrono de 4 heures 03 minutes et 26 secondes, et au sprint, il enregistre 24 minutes 09 secondes. Il n’a aucun salaire comme coureur. « J’ai jamais pensé en demander non plus. » On couvre les dépenses et, s’il gagne, il conserve les bourses. À la même période, Julien devient l’image marketing de Moto Ski. Le concept publicitaire exige un pilote pour le moins téméraire…
Le tournage a lieu à Toronto, sur les bords de la 401, dans une vieille montagne russe en bois sur laquelle on a installé la motoneige. Et c’est parti pour une montée, puis une descente. « Mais c’était sécuritaire, rien n’avait été laissé au hasard. » Puis l’usine est vendue et, bêtement, il est congédié l’année suivante.
Quelques semaines plus tard, alors qu’il est en visite à Disraeli, son beau-frère lui parle d’une station-service à vendre. Jeune « papa », avec sa conjointe de l’époque, il décide de se risquer. C’est le début d’une nouvelle carrière qui durera 27 ans, tous les jours de 7 à 22 heures. Une vingtaine de jeunes, jusqu’à la vente en 2001, y feront leur apprentissage du marché du travail. Le patron est souple mais deux règles doivent être respectées : « Même si le client ne met que 2 $ de gaz, tu laves ses vitres et ses lumières. La seconde, lorsque c’est tranquille, tu t’occupes, faut que tu bouges. »
En 2003, il a collaboré avec l’ACEF Appalaches-Beauce-Etchemins dans le Programme Éconologis, tout en continuant de donner un coup de main à gauche et à droite… tout naturellement. Même s’il a pris sa retraite en 2008, il ne peut rester inactif bien longtemps.
En 1985, il est initié chez les Chevaliers de Colomb. Il sera Grand Chevalier deux fois : une première fois en 1990-1991, puis de 2012 à 2018. Il occupe toujours une fonction au sein du Conseil 3053.
Comment voit-il la vie à 77 ans, alors qu’il est arrière-grand-père ? « Je crois que ce qui compte, c’est de pouvoir être en mesure de rendre service sans rien attendre en retour. »
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