Tremblements de terre: sommes-nous à risques?

Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) vient de dévoiler une étude sur l’impact qu’aurait la survenue d’un important séisme au Canada. Elle révèle que le Canada n’est pas prêt à faire face à une telle catastrophe. Deux scénarios ont été envisagés, l’un en Colombie-Britannique et l’autre au Québec. Ce dernier montre les effets d’un séisme d’une magnitude de 7,1 près de Québec, dans la zone très active de Charlevoix. L’ensemble des pertes économiques dans ce scénario totalise près de 61 G$! Serions-nous touchés par un tel événement? Rappelons qu’en juillet 2010, les habitants de Laurier-Station ont ressenti une secousse de 4,1 et des vitres ont claqué à Disraeli; alors, notre région, tout de même assez près de Québec, serait-t-elle vulnérable?

Le Ministère des Ressources naturelles du Canada et l’Université Laval fournissent une mine de renseignements pour nous éclairer. Par l’entremise de leurs sites Internet, on apprend que les séismes de la région de Charlevoix sont très fréquents, mais surtout de faible intensité et peu ou pas perceptibles. Toutefois, des séismes de magnitude supérieure à 3 sont ressentis et peuvent causer des dommages. Avant 1950, la région de Charlevoix a connu des séismes supérieurs à 6 à quelques reprises, dont celui de 1663 qui aurait atteint 7. Il a été ressenti jusqu’en Nouvelle-Angleterre et a causé de nombreux glissements de terrain; des cheminées ont été endommagées aussi loin qu’à Trois-Rivières et à Montréal. Les séismes les plus importants survenus depuis 1950 dans la grande région de Québec sont ceux de Cap-Rouge en 1997, avec une intensité de 5,1, et du Saguenay en 1988. Ce dernier, de magnitude 5,9, a été le plus fort des 50 dernières années dans l’est de l’Amérique du Nord. Les édifices ont été secoués jusqu’à Montréal entraînant des dommages, comme à l’ancien hôtel de ville de Montréal-Est, évalués à plusieurs millions de dollars. Les experts estiment que trois séismes de magnitude supérieure à 5 surviennent par tranche de dix ans dans le sud-est du Canada, ce n’est pas rien.

Alors, la terre va encore trembler au Québec et parfois fortement, c’est inévitable. Mais le sol de notre région n’a pas trop bougé dans le passé, pourquoi? En fait notre région se situe dans la formation rocheuse des Appalaches, composée de roches sédimentaires et ignées très déformées et longe le Saint-Laurent jusqu’à Terre-Neuve; elle chevauche le bouclier Canadien. Par contre Québec est assise directement sur celle du Bouclier Canadien, une formation granitique plus ancienne mais stable malgré des failles nombreuses. Les deux zones sont séparées par la Plate-forme du St-Laurent et la faille inactive de Logan. La stabilité relative des formations rocheuses du sud du Québec n’expliquent pas les forts séismes que nous avons connus. Alors?

Et bien il faut aussi considérer deux autres facteurs : l’ajustement isostatique et la chute d’une grosse météorite dans Charlevoix. Le premier concerne tout simplement le fait que le nord de notre continent remonte progressivement, après avoir été enfoncé dans la croûte terrestre par une calotte glaciaire qui a fondu il y a à peine 10,000 ans. Que la terre tremble régulièrement lors de tels mouvements de remontée n’est pas étonnant. Puis il y a cette grosse météorite de 2km qui a percuté la région de Charlevoix il y a 350 millions d’années, fracturant la croûte terrestre, l’affaiblissant et favorisant encore aujourd’hui la sismicité le long de ces nombreuses fractures.

 Tous ces facteurs expliquent globalement pourquoi la terre tremble constamment au Québec et parfois assez fortement. Mais les séismes d’importance, de magnitude 5 et plus, surviennent plus souvent le long et au nord du St-Laurent, résonnant avec fracas dans le bouclier canadien. Les Appalaches et notre région sont moins exposées sans toutefois être totalement à l’abri. En effet, la nature demeure imprévisible et, même dans les Appalaches, la terre a déjà tremblé avec insistance. En 1982 une série de secousses atteignant 5,7 a frappé le cœur du Nouveau-Brunswick. Donc, les risques pour notre territoire semblent plutôt faibles, mais il faut demeurer vigilant.

 

À propos Yves Lirette

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