Il est important d’exercer notre droit de réplique concernant l’enjeu du verre recyclé dans notre province, relativement aux arguments insensés de ceux à qui profite le système actuel.
Premier argument sans bon sens : les bouteilles de vin consignées ne pourraient pas être retournées dans leur pays d’origine… Qui envisagerait un tel scénario ? Est-ce qu’on renvoie les revues et journaux d’où ils proviennent pour les recycler ? Est-ce qu’on nous prend pour des cruches (en verre recyclable) ?
Les entreprises de Gestion des matières résiduelles (GMR) qui s’opposent à l’instauration d’une consigne sur les bouteilles d’alcool ne peuvent ignorer qu’il existe à Montréal une fonderie de verre : Owens Illinois. Avec ses 400 employés, celle-ci doit se procurer du verre à recycler, surtout en Ontario et au Nouveau-Brunswick, car cette matière comportait au Québec, encore en 2017, près de 20 % de contaminants, selon Éco Entreprises Québec (EEQ).
Deuxièmement : les gros centres de tri refusant le tri à la source des contenants de verre ne parlent que de VALORISATION. […] Depuis les travaux du Bureau d’audience publique en environnement (BAPE) en 1997, la hiérarchie des 3R-V est définie clairement. On essaie en premier de réduire à la source les déchets ; en deuxième, le réemploi est préconisé (par exemple, apporter ses bouteilles vides à la Société des Alcools du Québec [SAQ], où on pourrait les remplir). En troisième solution, c’est le recyclage, c’est-à-dire que le verre est fondu pour faire de nouveaux contenants. En dernière option, on valorise : les résidus de verre sont intégrés dans d’autres matériaux comme le ciment ou la laine isolante. La définition officielle de la valorisation consiste en des techniques permettant de détourner la matière de l’élimination… donc les résidus de verre utilisés comme couches de recouvrement dans les sites d’enfouissement ne devraient pas être considérés comme « valorisés ». […]
D’autres professionnels regroupés dans l’Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles (AOMGMR) estimaient en 2015 que le verre fait partie des matières problématiques pour la majorité des centres de tri (usure prématurée des convoyeurs, bris d’équipements). Pour eux, « la collecte sélective et la consigne des bouteilles seraient des outils complémentaires permettant une réelle économie circulaire alors qu’actuellement environ 85 % des matières premières servant à faire du verre finissent au Québec au dépotoir ». Ils précisent aussi que la contamination croisée due à la collecte pêle-mêle diminue la valeur marchande des autres matières. D’ailleurs, près de la moitié des centres de tri ont fermé leurs portes ces dernières années, augmentant les distances à parcourir et faisant perdre des emplois.
Les papetières du Québec s’approvisionnent aussi en matières secondaires dans des provinces voisines, où le verre, le papier et les plastiques ne sont pas ramassés ensemble.
Ce vieux modèle pêle-mêle n’est plus acceptable : seul le tri à la source permet un recyclage optimal et moins dispendieux, comme on le constate dans de nombreux pays et provinces. Les citoyens sont prêts à faire ce tri. […]
Autre questionnement : dans une étude que la SAQ a fait faire sur la consigne des bouteilles (en 2006, tenue secrète pendant 10 ans), l’hypothèse que ses propres camions rapportent les bouteilles vides n’a même pas été considérée, pas plus que le montant de la vente de celles-ci…
Autre remarque de mauvaise foi : ça augmenterait les transports que les citoyens rapportent leurs bouteilles vides… comme si nous étions trop cornichons pour ne pas les retourner quand on va en acheter des pleines !
Malgré les efforts de recyclage auxquels tiennent les citoyens, le triumvirat Recyc-Québec, EEQ et la SAQ n’a pas réussi à faire baisser réellement le tonnage des matières finissant dans les lieux d’enfouissement depuis le BAPE en 1997…
Ça prend une volonté politique… avant le dégel !
Source: Sylvie Berthaud
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