Par Yves Lirette et Jean-Claude Fortier
Une page d’histoire s’est tournée en cette fin de septembre 2016. Le tracel, dont on désirait le démantèlement depuis des lustres, est disparu en quelques jours, sous la pelle de Excavation Gagnon et frères. Démantèlement réclamé à grands cris, car ce pont ferroviaire empêchait la circulation des embarcations des riverains et des plaisanciers.
Le Tracel reliant le Lac Aylmer à la Baie de Disraeli (Le Lac Noir)
Rappelons que le chemin de fer fut construit à la fin du XIXe siècle, pour le transport des biens et des personnes, par le Québec Central Railway (Q.C.R.). Si, le 12 mai 1877, le premier train du Q.C.R. en provenance de Sherbrooke arrive à Disraeli, c’est que le tracel, qui constitue le premier jalon local du réseau ferroviaire, a été posé dès l’automne 1876. En effet, avant même que la gare ne soit construite et qu’apparaisse le premier pont reliant les deux rives du lac, à la hauteur de Disraeli en 1879, les travaux de terrassement et d’installation du tracel , devant relier les deux sections du lac, avaient déjà été complétés; ce qui permettait au train de poursuivre son trajet vers Québec. Le tracel a donc été, au départ, la clef du développement économique de Disraeli puisqu’il rendait possible le transport des personnes et marchandises vers l’extérieur. À une époque, il y circulait jusqu’à quatre trains de voyageurs par jour reliant Disraeli à Sherbrooke et Québec.
C’est également à partir du tracel que partait la ligne d’accommodement du chemin de fer qui se rendait jusqu’au moulin à scie de la Compagnie Champoux, située à proximité des chutes. Les wagons, remplis de bois, revenaient sur la voie principale et étaient dirigés vers le port de Québec. C’est en 1969 que la compagnie mit fin à ses services et procéda à la démolition de la gare.
La voie ferrée reprit vie entre 1999 et 2006 à l’occasion de la brève aventure ferroviaire de M. Jean-Marc Giguère mais, depuis ce temps, elle n’a pas été utilisée et s’est détériorée à plusieurs endroits. Selon les autorités, il en coûterait beaucoup trop cher pour la remettre en bon état. Le tracel devenait alors inutile, voire nuisible pour certains. Même s’il aura longtemps contribué au développement de la région et facilité la libre circulation, aujourd’hui il bloquait le passage entre les plans d’eau; on lui imputait même une perte de valeur foncière pour certains riverains.
Maintenant, il nous fait ses adieux et, avec un clin d’oeil, il nous rappelle que, tout au long de ses 140 ans, le tracel a été aussi le site choisi par les jeunes amateurs de pêche du village qui allaient y taquiner la barbotte, la perchaude, le brochet et le doré.
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