L’Humeur des paysages

2013-09-30humeur_tournesolsDyaneLes tournesols, comme leur nom l’indique, se tournent naturellement vers le soleil. Comme eux, nous tentons de retenir, d’attraper, de capturer ce qu’il reste de chaleur et de lumière dans ce temps déjà d’automne.

Ce temps d’automne qui est aussi celui de l’abondance et de la générosité. Les jardins débordent. Les cœurs jamais trop.

Mon amie Ginette m’a pourvue en concombres, courgettes frais cassées tout l’été et l’automne venu, elle pense encore à moi.

Hier soir quand je suis rentrée, un bol ravissant rempli de légumes fraîchement cueillis trônait sur la table, gracieusement offert par ma gentille voisine Dominique. « … parce que tu les aimes » avait-elle élégamment noté. C’est une bonne raison. La meilleure sans doute.

Aimer demande de l’attention. Surtout de la joie. Aimer demande de n’être pas engoncé dans ses petites affaires, mais au contraire de lever haut la tête vers la lumière. Vers ce qui semble a priori une requête et qui s’avère une offrande. Vers ce qui semble a priori un geste simple et qui s’avère d’une élégante bonté.

Je pense aux Amérindiens qui chassaient et respectaient les bêtes comme des déités. Je me sens proche de cet état d’esprit, qui n’en est pas un de superstitions, bien au contraire. Il révèle une attention au vivant dont peu d’hommes « modernes » peuvent se targuer. À quoi portons-nous attention ? Qu’est-ce qui nourrit vraiment notre nécessité ? Notre ouverture, notre passion ? Et je ne parle pas ici d’abnégation ou de devoir. Je pense à ce que nous avons à offrir une fois que l’animal a été tué, une fois que la tâche a été accomplie, une fois que le travail est terminé. Je pense à la prière. Celle qui se passe de mots, qui ne se matérialise même pas dans la pensée. Celle qui plonge ses mains dans le sang chaud de la bête pour en retirer le cœur. Cette prière est l’œuvre qui reste à accomplir. La belle table cent fois polie qui est un véritable objet d’art. Le concert inédit dans une petite église de village. Le voisin d’en bas qui joue « n’importe quoi » sur un vieux piano, que c’est beau à en pleurer. L’ami qui raconte sa vie pour mieux en faire de la poésie…

C’est là ma seule foi en ce monde.

 

Dyane Raymond
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