L’Humeur des paysages

Les tourterelles. Photo par Charlie McKenzie

Comme vous l’avez vu ou le lirez dans ces pages, Le Cantonnier a offert le souper de Noël annuel aux bénévoles du journal récemment. En guise de remerciement certes, mais de mon point de vue, c’est aussi une manière de réunir la famille. Il existe, on le sait, plusieurs types de familles. À commencer par les cellules traditionnelles composées de la parentèle. Puis celle qu’on se crée avec les années à laquelle se greffent les amis, les proches, les intimes. Et il y a celle, sociale ou professionnelle, qu’on ne choisit pas toujours, comme la première, mais qu’avec de l’ouverture, on apprend à connaître et à aimer, et avec de la chance, à laquelle on peut s’identifier. Ainsi, lors de ce souper, j’étais parmi « ma » famille dans la salle du CERD, saluant chacune et chacun avec un sentiment non seulement d’affection, mais de reconnaissance. Comme je le mentionnais à Jean-Denis, je considère que j’ai une chance inouïe de faire partie d’un tel projet. Car Le Cantonnier n’est pas qu’un simple journal, il est une part d’âme des gens qui le font vivre. Le travail des bénévoles, comme celui des artistes, offre l’opportunité d’offrir et de recevoir dans un même geste. Et toutes et tous, nous participons à ce geste. Pendant que je laissais flotter mon contentement et ma rêverie sous le chatoiement des lumières, j’observais les allées et venues de Diane, notre présidente ; Danielle Noël à mes côtés, la Grande Danielle, qui est le cœur palpitant du journal ; je voyais Johanne, plus loin à l’autre table, nouvelle venue et déjà familière ; cherchais des yeux mon cher Jean-Claude, auprès de qui je tenais fièrement à poser pour la photo…

Je terminerai en répondant à la question de Yves, notre éclairé et judicieux rédacteur en chef, qui me demandait de préciser ma pensée concernant mon agnosticisme à propos du bonheur, que j’évoquais dans ma précédente chronique. J’emploie ce mot sciemment parce que pour moi le bonheur est une profession de foi, un paradis sur terre, qu’on s’efforce d’atteindre sans trop savoir ce qu’il signifie ou implique. Je ne crois pas au bonheur parce que je ne sais pas ce que c’est. Je sais l’amour, je sais la bonté, je sais la joie que me procurent l’un et l’autre. M’inspirant de Spinoza, je crois plutôt en la Nature (la photo de Charlie ne pouvait pas mieux représenter cette perfection !), cette force vive, qui résiste bravement à l’effort de destruction de l’humain, parce que, pour moi, c’est Ça, ma déité, c’est Ça, l’ultime aura de grâce et de Beauté dont je peux m’entourer, par quoi je peux me laisser atteindre.

Pour donner mieux, pour aimer mieux. Participer à l’œuvre du Cantonnier m’aide à accomplir Ça.

Chères et chers membres et bénévoles de notre beau journal, je vous souhaite donc amour et joie en ces temps d’ombres et de lumières.

Dyane Raymond
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