C’est en décembre dernier que la présidente de la Commission de la culture et de l’éducation, madame Lise Thériault, a déposé le rapport unanime portant sur l’avenir des médias d’information. L’objectif de la Commission était de dresser un portrait des médias d’information locaux, régionaux et nationaux au Québec et de déterminer des pistes de solution aux défis engendrés par la crise des médias. Cela afin d’assurer le droit essentiel du public à l’information, car la question de l’avenir des médias d’information au Québec est un enjeu de droits et libertés et de démocratie. D’ailleurs, la Charte québécoise des droits et libertés de la personne énonce, à l’article 44, que « [t]oute personne a droit à l’information, dans la mesure prévue par la loi ».
La situation
Rappelons que, selon le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval, le Québec a vu 82 médias cesser leurs activités entre 2011 et 2018. Certaines régions ont même vu surgir des situations de monopole ou des déserts informationnels, de quoi priver les populations hors des grands centres urbains d’une information de qualité, diversifiée et indépendante. Pourquoi cette hécatombe ? Les revenus publicitaires des médias, qui autrefois finançaient en bonne partie le travail journalistique, ont chuté et migré vers les géants du Web. De 2003 à 2017, les investissements publicitaires dans les quotidiens et hebdomadaires québécois ont fondu presque de moitié, et les pertes d’emplois ont suivi ! Les gouvernements ont agi pour contrer ce déclin, mais ils doivent poursuivre et intensifier leurs actions pour appuyer financièrement les différents médias afin de pérenniser l’information de qualité dans toutes les régions du Québec.
Les travaux de la Commission témoignent hors de tout doute du rôle essentiel que jouent les médias d’information dans toutes les régions du Québec, pour des raisons aussi bien démocratiques et culturelles qu’économiques. Ils tiennent les citoyennes et citoyens au courant de ce qui se passe dans leur communauté, alimentent leurs réflexions sur les enjeux qui les touchent de près ou de loin, obligent les gouvernants et les élus à rendre des comptes. La presse d’information contribue aussi à soutenir les liens entre les membres de la communauté, avec les commerces locaux, les lieux culturels et sportifs, les services publics et communautaires, etc. Devant l’urgence d’agir pour soutenir les médias, des solutions concrètes ont été proposées. Le rapport de la Commission contient une vingtaine de recommandations, dont certaines sont primordiales pour en assurer la pérennité. Mentionnons, notamment :
- Que le gouvernement et les sociétés d’État augmentent leurs placements publicitaires dans les médias et qu’ils accordent un minimum de 4 % de leurs dépenses en publicité aux médias communautaires ;
- Que le gouvernement maintienne le crédit d’impôt remboursable d’au moins 25 % sur la masse salariale des entreprises de presse écrite, bonifie les subventions aux investissements numériques déjà en place et maintienne l’accord sur la compensation versée aux médias écrits pour leur contribution au recyclage du papier ;
- Que le gouvernement du Québec évalue la possibilité de revoir les retombées fiscales des dépenses publicitaires des entreprises en fonction du type de placement dans les médias québécois ;
- Que le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation s’assure que les conseils municipaux permettent l’enregistrement et la diffusion de leurs séances et que celles-ci soient accessibles à des fins de reportage aux journalistes et employés des médias d’information écrits ou électroniques ;
- Que le gouvernement du Québec fasse en sorte que les placements et les campagnes publicitaires du gouvernement et des sociétés d’État tiennent mieux compte de l’importance de rejoindre les populations desservies uniquement par des médias locaux et régionaux.
Le rapport rappelle également que les municipalités sont des gouvernements de proximité qui font partie de la solution. Elles doivent investir significativement dans les médias locaux, si importants dans la vie démocratique de leur communauté. Les porte-parole de quotidiens et d’hebdomadaires régionaux demandent ainsi le retour de la publication des avis publics des municipalités dans leurs publications. Enfin, plusieurs rappellent qu’il existe au Québec des disparités numériques entre les centres urbains et les régions. Ils voient cela comme une entrave au droit du public à l’information. Le CRTC considère d’ailleurs que l’accès à Internet haute vitesse est un service de télécommunication nécessaire, un service de base.
Vous pouvez télécharger le rapport à :
www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cce/mandats/Mandat-40735/index.html.
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