Par Mylène Croteau
La soupe aux pois et ses célèbres « odorantes flatulences », un pâté dit chinois faussement associé au continent asiatique et le réconfortant pouding chômeur, inventé durant la crise économique des années 1930, lequel ne s’est toujours pas trouvé de boulot !
Le chaleureux et copieux bol de soupe aux pois
Le pois sec, communément appelé pois à soupe, est cultivé en Chine depuis au moins quatre millénaires. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains l’appréciaient également. Les Chinois furent les premiers à se nourrir aussi de la cosse. En Europe, le pois se consomme frais depuis le XVIIe
siècle seulement. Le premier pois mange-tout, le Sugar Snap, fut introduit sur le marché en 1979.
La soupe aux pois a donc survécu à l’épreuve du temps et fait partie de l’histoire du Québec depuis que l’explorateur Samuel de Champlain, fondateur de Québec, aurait introduit ce mets en Amérique du Nord, il y a plus de 400 ans ! Cette copieuse, nutritive et réconfortante soupe a tellement été cuisinée dans les maisonnées que, jusqu’à la fin du XXe siècle, les Canadiens anglais avaient inventé le sobriquet de Pea Soup pour désigner les Québécois. D’où l’origine prétendue du québécisme pissou.
La recette de base de la soupe aux pois a subi quelques transformations, comme l’introduction de cari, de miso (eh oui), de jus ou de zeste d’orange, de poireaux, de pommes Cortland et de sirop d’érable ! La version ancienne, toujours bien enracinée dans les traditions culinaires, est désormais revampée, pour une soupe plus jazzée aux accents d’ici et d’ailleurs !
Un pâté chinois dont l’origine ne tire que son nom du mot chinois dans le nom du menu !
Il y a l’origine galvaudée dans la tradition orale, qui fait courir la rumeur persistante que ce plat simple et réconfortant remonterait à la fin du XIXe siècle, lors de la construction du chemin de fer qui traverse aujourd’hui le Canada. Le maïs, les patates et le bœuf auraient été assemblés pour en faire un mets apprécié, à cause de leur disponibilité. Les ouvriers chinois qui travaillaient sur les chantiers ferroviaires du Canadien Pacifique seraient les premiers à avoir goûté ce plat. Par la suite, les Canadiens français auraient adopté cette recette, lui octroyant le nom de pâté chinois.
Toutefois, cette populaire version est remise en question par l’auteur du livre Le mystère insondable du pâté chinois, le professeur Jean-Pierre Lemasson de l’Université du Québec à Montréal, spécialiste en histoire de la gastronomie. Les ouvriers asiatiques se nourrissaient de riz et de soja et non de pommes de terre. Il a découvert que le pâté chinois n’a été cuisiné dans les foyers québécois que vers 1903. Mais quelle est donc l’énigme du pâté chinois ? Est-elle aussi indiscernable que le mystère de la Caramilk ?
Malgré le halo d’incertitude enrobant l’origine du pâté chinois, l’hypothèse la plus plausible pointe en direction de la banlieue d’Augusta, dans l’État américain du Maine, car une petite ville nommée China accueillait bon nombre de Canadiens français qui s’y étaient exilés, en quête d’emploi.
La spécialité culinaire du lieu était la china pie, une version américanisée du shepherd’s pie anglais à base d’agneau ou de hachis parmentier français. Les Canadiens français auraient rapporté la recette avec eux, l’adaptant probablement, et elle fut littéralement traduite par pâté chinois… de china pie.
Le pouding chômeur qui chôme toujours, et ce depuis les années 1930 !
Selon la légende, la création de ce dessert remonterait à la période de la Grande Dépression, ou crise économique des années 1930, qui frappa l’économie mondiale à la suite de l’effondrement des valeurs boursières américaines, de 1929 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Le chômage étant endémique, les emplois rarissimes et les dollars trop peu gagnés. Les mères devaient déployer des trésors d’ingéniosité pour nourrir adéquatement leurs familles aux membres nombreux. Avec des ingrédients facilement accessibles, les mamans ont réussi à confectionner un dessert simple, une pâte à gâteau imbibée d’une sauce à base d’eau et de cassonade. Servi chaud, ce dessert a rendu les hivers plus tolérables pour ces familles dont le quotidien alimentaire était difficile.
Le fameux pouding chômeur a été depuis revampé, tout en conservant la base d’un gâteau blanc savoureux et d’une sauce caramélisée. Les fruits étant chers compte tenu de la réalité des années 1930, ils inspirent maintenant les variantes de la sauce de ce dessert avec l’ajout de poires et/ou de pommes. Amandes, noix et sirop d’érable agrémentent également ce dessert riche et sucré au maximum !
Et qui a la meilleure des meilleures recettes de pouding chômeur ? Tout le monde dit qu’elle est dans sa famille, ou qu’elle vient de sa mère ! L’ingrédient qui fait le oumpffff du pouding chômeur semble être une véritable chasse gardée !
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