La mort, la voir autrement

Chronique de vie : nos vies, nos histoires

Danielle Perrault (Photo par Michel-Elie Tremblay)

Par Danielle Perrault

Novembre, le mois des morts… triste tradition, triste rappel de nos aimés, de nos passés, de nos disparus.

Pour moi, la mort est une mutation, un saut quantique qui nous amène à une métamorphose. Quand nous avons intégré un apprentissage, il se détache de nous en muant vers une nouvelle compréhension plus élargie de notre univers. C’est ainsi que nous apprenons. On se concentre sur un sujet jusqu’à ce qu’on le maîtrise. Une fois qu’il est assimilé, on peut l’utiliser au besoin et diriger notre esprit vers d’autres découvertes.

Pour la plupart d’entre nous, ce si grand changement auquel nous convie la mort représente un passage douloureux que nous associons à la perte, au deuil, comme s’il nous fallait traverser la nuit noire de l’âme, une sorte de néant, de désert, où nous n’avons plus aucun repère pour renaître à nous-mêmes. On pense même que nous n’y survivrons pas.

Nous n’avons pas appris à nous lire. Pour nous rassurer, nous cherchons des réponses dans les pages extérieures d’un livre qui n’est pas encore imprimé, puisque nous l’écrivons en le vivant.

Le petit être que nous fûmes est toujours bien vivant à l’intérieur de nous. On pourrait dire de lui qu’il est mort puisqu’il n’existe plus. Son support s’est tout simplement modifié, il s’est transformé. Des images peuvent le ressusciter, mais il est encore nous, sous une autre forme, il a transmuté. Nous pouvons nous rappeler et nous émouvoir de notre logique enfantine, sachant que nous en avons intégré une autre, plus complexe, plus élaborée. Nous pouvons aussi regretter cette époque, mais à quoi bon ?

Nous sommes menés par nos habitudes. Quand elles changent, soit on se réveille et une nouvelle vie commence, soit on résiste et on se retrouve en plein tourment.

Bien que la mémoire soit infinie, nous ne nous souvenons que de certaines bribes. Nous avons peine à nous rappeler nos rêves malgré le fait que nous fabriquions nuit après nuit la valeur d’un long métrage onirique, dans lequel nous sommes, tout à la fois, l’auteur, l’acteur, le réalisateur et le producteur. En revanche, on se souvient clairement de nos cauchemars qui nous laissent un arrière-goût de peur et de méfiance. Si on accordait autant de valeur à nos nuits qu’à nos jours, on craindrait moins l’inconnu et on serait mieux équipé pour faire face à l’adversité quand elle se présente. J’ai tenté une expérience avec de jeunes enfants. Dès leur réveil, je leur demandais de me raconter leurs rêves. En à peine une semaine, ils se les rappelaient. Il n’y avait plus de coupure entre la réalité et la fiction, entre le visible et l’invisible. Ainsi unifiés, on se sent mieux, plus confiants. L’intelligence peut se déployer plus efficacement à travers notre vie qui est un laboratoire émotionnel.

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il advient quand la musique s’arrête ? Où s’en va-t-elle ? Sommes-nous en deuil ? C’est un peu comme si nous étions cette musique. Quand le corps meurt, la partition reste et elle est éternelle tant qu’on se la rappelle.

La mort n’existe pas… c’est une étape, un passage qui permet la transformation. La lumière baisse temporairement pour se lever sous un nouveau jour rempli de promesses à qui aura les bras ouverts pour les accueillir.

Pour ma part, quand quelqu’un que j’ai connu meurt, j’établis une communication directe avec lui. Je peux lui parler jour et nuit. Il n’y a plus aucune interférence. Dorénavant, rien ne nous sépare.

Osons regarder l’invisible avec bienveillance. Notre regard et notre attitude feront toute la différence.

Je vous souhaite un bon mois des morts.

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