L’Amérique pleure… L’entendons-nous ?

Une fois de plus, le Cinéma du lac nous présente un film d’une grande beauté, empreint de nostalgie. L’Amérique pleure est en soi un événement mettant en scène les magnifiques paysages du Québec, habillés par les textes des Cowboys Fringants. C’est une ode à la beauté cachée du territoire québécois qui devient, le temps d’un film, le théâtre de chacune des chansons interprétées. Un film sans prétention, à l’image des artistes du groupe, où une vraie camaraderie se dégage de leur performance.

Outre la nature, seuls les musiciens sont mis en scène dans des paysages évolutifs, amenant l’œil des spectateurs à capter le plus beau et le plus laid de ce qui nous entoure. Du rocher Percé à la station de service abandonnée et décrépite, sans présence humaine, les scènes ont un charme nostalgique que la musique accompagne avec justesse.

Le concert-événement est signé par le vidéaste Louis-Philippe Eno. Gracieuseté

Les prises de vues, dont certaines ont été tournées par drone, sont d’une qualité remarquable et permettent de souligner avec justesse l’aspect grandiose et poétique de la nature. On trouve même la trace de notre humanité dans le délabrement et l’isolement de nos constructions humaines ainsi qu’une certaine poésie, portée par la prose tantôt parlée, tantôt chantée par Karl Tremblay et ses compagnons.

L’Amérique pleure, titre à succès de leur dixième album Les Antipodes devrait nous faire réfléchir à ce que nous sommes devenus. Ce texte déploie toute sa charge émotive, tout comme L’hiver approche, au bord d’une roulotte avec le grondement des chutes et des rivières se substituant aux applaudissements d’une foule absente… Le vide, l’absence de gens favorise l’intensité du moment. Ce rappel au confinement que nous a imposé la pandémie, des rues désertes, des édifices vides, d’un vide rempli de craintes, d’appréhension, Les Cowboys Fringants ont su le rendre palpable et le faire résonner dans leurs textes. Une scène du film souligne avec brio ce vide : Plus rien, dit la chanson, interprétée au milieu d’un champ immense, où les artistes semblent si petits, si fragiles. Et le texte de nous dire : « Les gens ont dû se battre contre les pandémies / Décimés par millions par d’atroces maladies / Puis les autres sont morts par la soif ou la faim / Comme tombent les mouches, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien… »

Oui, L’Amérique pleure… encore. Un film à voir et à revoir, un film sur lequel réfléchir, des textes porteurs qui ne peuvent que nous émouvoir.

Au sujet Marie-Andrée Brière

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