On n’est pas des chiens

Par ses multiples fonctionnalités, le téléphone intelligent est devenu le « meilleur ami » de bien des gens.

Qu’est-ce qui nous rend donc accros à cette technologie qui gère désormais notre existence ? En 2017, une étude de l’American Psychological Association a révélé que 65 % des Américains affirment que se déconnecter périodiquement est important pour la santé mentale, mais que seulement 28 % disent réussir à le faire.

Le fait est que les applications sont justement conçues pour nous rendre accros. Le principe de base est de capter l’attention le plus longtemps possible. Ainsi, on fait plus d’argent puisque le nombre d’utilisateurs et le temps passé sur une plateforme donnent de la valeur à la bourse et permet de vendre de la publicité.

Pour capter l’attention, les entreprises exploitent le fonctionnement du cerveau humain. Par exemple, chaque fois qu’on constate des « J’aime » sur notre téléphone, le cerveau sécrète une dose de dopamine qui procure du plaisir. Alors, on y revient… et on y revient, en anticipant cette récompense. « C’est plaisant de s’faire plaisir ! »

Aujourd’hui, les algorithmes sont devenus si perfectionnés qu’ils s’adaptent à chacun, sélectionnant ainsi les contenus à nous présenter selon nos habitudes sur la plateforme. Comme le chien que l’on dresse, les récompenses sont adaptées aux besoins du maître.

C’est sûr qu’une grande partie de la vie sociale et professionnelle se passe maintenant en ligne. Il ne s’agit donc pas de se priver d’Internet, c’est un outil utile, mais de l’utiliser intelligemment. Qui est le maître ?

« Il faut simplement apprendre à commander la machine plutôt que ce soit elle qui ait le pouvoir sur nous », dit la journaliste scientifique Catherine Price, auteure du livre « Lâche ton téléphone !». Chose certaine, l’utilisation excessive a des effets négatifs, notamment dans les relations avec les proches. De plus, par manque de concentration sur les tâches à faire à cause des nombreuses distractions permanentes, on devient moins productif et plus fatigué mentalement.

« Le symptôme le plus important à surveiller n’est pas le temps que l’on passe sur l’appareil, mais plutôt comment on se sent si on ne peut PAS y aller », souligne la psychologue Marie-Anne Sergerie, spécialiste en cyberdépendance.

Pourquoi ne pas finalement se faire plaisir en demeurant le maître ?

Source : L’Actualité, août 2018

Au sujet Jacques Beaudet

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