Réflexion: Voyage philosophique

On naît — c’est un miracle, à ce qu’on dit. Avec des gènes, une histoire familiale, un environnement ambiant.

Avons-nous un destin tout tracé ou à partir d’un moment marquant de notre vie, ou de plusieurs, de leçons apprises et décodées, on accède à une certaine lucidité. Celle-ci peut et doit gouverner notre cheminement vers une joie et un bonheur terrestres.

Le christianisme misait sur le bonheur céleste. La rédemption n’était pas de ce monde. Cependant, selon moi, Jésus, quand il parle du Royaume des Cieux, parlait peut-être du bonheur terrestre accessible à l’être humain ayant atteint une certaine sagesse, donc une liberté d’être et d’agir.

Le bouddhisme, par contre, à l’aide de la méditation nous éloigne ici-bas de la souffrance, tout en développant la compassion pour les plus démunis.

Qu’en est-il maintenant de la notion de Dieu ? Pour certains, Dieu est réconfort. Certains autres vivent dans la crainte du péché, engendrant la culpabilité, un frein à l’avancement de soi-même.

Selon Jean-Jacques Rousseau, philosophe des Lumières, l’enfant naît bon. Cependant il ne naît pas libre selon Spinoza et Simone de Beauvoir. Par la suite, la famille, la société le dénature ou l’aide à s’épanouir. On peut tenter par tous les moyens parfois, de le faire entrer dans un moule, où souvent, malheureusement, il perd son identité, son unicité, son authenticité. Tout dérapage aux normes établies lui vaut d’être cruellement rejeté.

Le bonheur est-il un mot galvaudé ? J’ai vécu de grandes épreuves et de grandes souffrances, dans ma vie. J’étais devenue amère. Et j’ai lu, et lu philosophie, psychanalyse, anthropologie, sociologie, surtout pas de psycho-pop. Et j’ai décidé d’entreprendre une psychanalyse. J’ai plongé dans mes blessures et je les ai pansées. À la longue, elles sont effacées. Elles n’ont plus d’emprise sur moi. J’ai conquis ma liberté à haut prix.

J’ai commencé à respirer la vie, à l’aimer telle qu’elle est, avec ses joies et ses souffrances. Des personnes aimantes, bienveillantes s’amalgament autour de moi tout doucement. Les sages taoïstes prônent la doctrine du « non-agir ». Alors qu’on nous enseigne à transformer le monde par la force de notre volonté, les Orientaux, en général, s’appliquent à une sagesse de l’accueil, de la réceptivité, de l’abandon, de la fluidité, du non-vouloir. Lâcher-prise quoi.

Pour moi, la vie est un RÊVE, un grand projet de vie. Vouloir vivre une vie heureuse, dans une joie de plus en plus constante et rayonnante ne signifie pas être à l’abri des souffrances inhérentes à la vie : maladie, deuil de personnes chères, passions dévorantes.

Plus on est soi, plus l’on s’appartient, ces souffrances, on les accepte et on les transforme.

Avec mon vécu, mes lectures, mes sentiments, je crois profondément que l’être humain est fait pour le bonheur et que c’est même sa mission ici-bas, malgré une planète en dérive. N’est-ce pas là l’énigme de l’existence ?

Gaëtane Therrien

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