De septembre 1892 à octobre 1936, c’est l’abbé Wilfrid Joseph Carrier qui dirige la paroisse. Arrivé à l’âge de 27 ans, il exercera son ministère pendant 45 ans. Ce fut une période marquante pour les habitants des villages de Beaulac et de Garthby.
Pour lui, tout débute par le changement de nom de la paroisse. Un décret de Mgr Larocque de Sherbrooke remplace le nom de paroisse « Saint-Olivier » par celui de paroisse « Saint-Charles-Borromée ». En 1898-99, c’est l’édification de la nouvelle église (église actuelle). La première messe y est célébrée le 2 avril 1899, l’arrivée des autels se fait le 16 avril et la bénédiction solennelle le 14 novembre de cette même année. Le 22 novembre 1899, après les vêpres, c’est la bénédiction de la cloche. Le 17 décembre 1905, on installe le nouveau chemin de croix. Le 28 juin 1908, c’est la bénédiction de l’orgue Casavant (installé le 21 juin), touché pour la première fois par le révérend Ulric Martel, vicaire de Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette. Le 18 avril 1920, le temple est recouvert de bardeaux d’amiante. En 1903, c’est la construction du presbytère avec des briques fabriquées sur le bord du lac Aylmer. L’entrée officielle du prêtre dans sa nouvelle demeure se fait le 15 février 1904. L’église et le presbytère sont électrifiés en 1913.
Les paroissiens étaient fiers de leur nouveau lieu de culte et plusieurs firent don d’objets liturgiques. Le 28 juillet 1901, le curé bénit la statue de Sainte-Anne offerte par Pierre Bouchard et la statue de la Sainte-Vierge, fruit des quêtes du mois de mai et, le 22 décembre, celle de Saint-Charles, don de Mme Napoléon St-Pierre. Le 28 septembre 1902, Mme J. H. Dionne fait cadeau de la statue de Saint-Joseph et, le 24 janvier 1932, M. et Mme Jos Leblond de Lévis offre la statue de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus. Du 14 au 20 janvier 1906, l’église s’enrichit d’une chaire et de deux confessionnaux dont une partie de l’installation est payée par le généreux Pierre Bouchard. De plus, les dons, les quêtes, les bazars, les parties de cartes et d’Eucher ont permis à la fabrique de se procurer du linge d’église, un ciboire neuf, une chape et une chasuble vertes, des anges adorateurs, un dais pour la procession du Saint-Sacrement, une bannière de la Sainte-Vierge, une lampe pour l’autel du Sacré-Cœur, une chasuble blanche, un calice, un encensoir, les cloches, des lampes du sanctuaire, une chape noire, des burettes et une clochette, un catafalque, etc.
Bien entendu, il faut que la maison de Dieu et celle de son représentant soient adéquatement chauffées. Des collectes de bois de chauffage sont donc organisées en 1905 et le coût établi est de 0,15 $ par famille. En octobre 1915, 54 cordes de bois sont requises et, en décembre 1923, 150 cordes. En 1924, on passe au charbon : 30 à 35 tonnes seront nécessaires pour traverser les longs mois d’hiver.
L’abbé W.J. Carrier est également témoin de deux grandes tragédies. La première est celle du 1er juillet 1899, soit l’incendie qui détruit une grande partie du village alors que 30 familles perdent leurs maisons, 9 commerces sont détruits, mais 12 bâtiments sont épargnés, dont l’église neuve, la vieille chapelle, l’école et le presbytère. La deuxième tragédie, celle du 19 juillet 1905, est la terrible noyade, survenue sur le lac Aylmer, qui fait 5 victimes parmi lesquelles se trouvaient l’abbé Joseph-Arthur Gignac, les frères Hector et Eugène Codère ainsi que les frères Wilfrid et Damase Massé.
C’est aussi pendant la pratique de l’abbé Carrier que les sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie arrivent de la paroisse pour enseigner. Le 1er décembre 1911, on discute de la possibilité de leur construire une chapelle et, dès le 12 octobre 1912, elles assistent à la première messe chez elles en plus de profiter d’un chemin de croix dès le 13 novembre. En 1933, l’abbé Carrier reçoit le cardinal Villeneuve à sa table. Le 3 janvier 1915, il autorise M. Anselme Bois, un enfant du village fraîchement ordonné, à célébrer sa première messe dans l’église paroissiale. Le 28 septembre 1928, il accueille Mgr André Casulo, délégué apostolique de Mgr Gagnon, évêque de Sherbrooke, accompagné de son secrétaire, Mgr Bearyotti. Le 3 mars 1935, il annonce la formation du Cercle des fermières et la première réunion se tient le 7 mars (47 membres).
L’abbé Carrier, à sa retraite, s’installe au centre du village, face à l’église, au 24, rue Saint-Jacques, parmi ses fidèles devenus des amis pendant tout ce temps. Cet amoureux de pêche et de nature est décédé à Garthby le 20 janvier 1958 à l’âge de 92 ans et 11 semaines.
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